ACTUALITES CENTRAFRICAINES
POLITIQUE
DES SIGNES QUI NE TROMPENT PAS
Si l’opinion publique s’est étonnée et continue de s’étonner des méthodes utilisées par le régime de Bangui pour empêcher l’opposition démocratique d’animer la vie politique nationale, les observateurs lucides sont tous d’accord pour reconnaître que le général Président François Bozizé avance doucement et sûrement vers la confiscation du pouvoir.
Après son accession au pouvoir grâce au coup d’Etat du 15 mars 2003, le maître de Bangui a déclaré qu’il devait gérer la transition, organiser les élections et passer le pouvoir au président qui sera élu.
En 2005, le Président Bozizé mettait toutes les batteries en marche pour légitimer son pouvoir. En plus des multiples violations des dispositions de la Constitution du 27 décembre 2004 et de l’ordonnance n° 05.007 du 2 juin 2005 relative aux partis politiques et au statut de l’opposition, le locataire du Palais de la Renaissance n’hésitait pas à mettre à contribution la Cour constitutionnelle et l’Assemblée Nationale pour se mettre à l’abri d’un vide constitutionnel en modifiant les articles 24 et 50 de la loi fondamentale pour prolonger son mandat et celui des députés. Il déclinait ainsi l’offre de l’opposition politique tendant à mettre en place un gouvernement et un parlement de transition pour préparer les élections. Ce refus de gérer consensuellement le pouvoir avec l’opposition et la société civile se justifie par le fait qu’il ne pouvait avoir les coudées franches afin de se faire réélire au premier tour et d’avoir une majorité parlementaire pour gouverner en toute sécurité. A cette stratégie mise au point par l’homme du 15 mars 2003 pour s’éterniser au pouvoir s’ajoute la fragilisation de l’opposition par le débauchage de ses cadres et la confiscation des medias publics.
D’où viendra le danger?
En mettant tout en œuvre pour compresser et diaboliser l’opposition démocratique, le leader du KNK perd de vue que le danger peut venir des ex-libérateurs qui ont été récompensés en monnaie de singe et qui ont créé des rébellions, de sa famille naturelle et politique ainsi que de sa majorité qui comptent des loups dans la bergerie. Par ailleurs, le fait que les revendications légitimes formulées par certaines catégories sociales demeurent sans un début de solution constitue un danger pour l’actuel régime. Si avant-hier et hier, Bokassa, Dacko, Kolingba et Patassé ont perdu le pouvoir parce qu’ils n’ont pas pu satisfaire leurs obligations vis- à vis des travailleurs du secteur public, nous craignons que le leader du KNK soit victime du même sort.
D’où viennent les malheurs de l’opposition ?
Le jeu du chat et de la souris auquel se livrent le pouvoir et l’opposition a pris des tournures inquiétantes avec le refus du régime de Bangui d’évacuer sanitairement Ange Félix Patassé et le boycott des manifestations pacifiques. Ces mesures qui violent les dispositions des lois et règlements interpellent plus d’un Centrafricain sur l’avenir de la démocratie. En effet, le pouvoir réussit à fragiliser l’opposition parce qu’il y a dans ses rangs des opportunistes qui travaillent pour le compte des dirigeants. Cette situation s’aggrave avec les querelles de leadership et les calculs politiciens dont font preuve certains opposants et qui comportent des conséquences graves sur ses activités, voire sur toutes les stratégies mises au point pour conquérir le pouvoir.
Au sein du pouvoir, on retrouve tous les transfuges des partis de l’opposition qui s’adaptent à tous les régimes. Ceux-ci connaissent les qualités et faiblesses des opposants et utilisent leurs anciennes relations pour réduire l’opposition à sa plus simple expression.
L’avenir de la démocratie à cette allure est hypothétique.
Paul Gové
Vendredi 2 Septembre 2011
Source :
http://www.leconfident.net